Je vous propose de me suivre pas à pas lors de mon dernier séjour à Youtou. Souhaitant que cela réponde à vos questions concernant le déroulement de mes voyages. Bon voyage ! Elisabeth
Mi-novembre, je prends l’avion pour le Sénégal, ce sera la 30ème fois, ça commence à compter….
Voyage sans problème en passant par Casablanca. Arrivée à Dakar, j’y reste comme souvent 2 jours avant de continuer sur la Casamance. Ce temps à Dakar me permet de rencontrer tout d’abord Pascal, notre fidèle relais mais aussi les membres de ma famille adoptive qui vivent à Dakar. L’ainée de cette famille a déjà 18 ans et cela me fait réaliser combien le temps a passé. Elle est née lors de mon long séjour entre 1999 et 2002. Temps très fort pour moi qui ne me parait pas si lointain.
Avec Pascal nous faisons comme toujours un point financier et de la situation des étudiants ressortissants de Youtou en études à Dakar que nous soutenons.
Au terme de ces 2 jours, je prends le bateau qui me mènera à Ziguinchor après environ 16h de navigation. Toute la nuit dans le bateau et arrivée au petit matin à l’embouchure du fleuve Casamance, c’est magique ! Un premier arrêt à l’ile de Karabane où quelques passagers descendent. Puis reprise de la navigation qui nous mène en 3h à Ziguinchor. Comme assez fréquemment les dauphins nous ont accompagnés sur cette partie de navigation sur le fleuve Casamance, leur compagnie est toujours agréable. Arrivés à Ziguinchor, le débarquement se fait tranquillement puis nous devons attendre la mise à disposition de nos bagages mis en soute. J’étais un peu inquiète car une des valises contenait une machine à coudre offerte par une amie d’APPY. Cette machine doit partir au centre de promotion féminine du village. Tout va bien et la valise en question avait bien été identifiée « fragile » donc menée avec précaution. Je prends ensuite un taxi pour aller chez Marie-Claire et Imbert dans le quartier de Tilène à Ziguinchor. Grande joie des retrouvailles, il y a presqu’un an que nous nous sommes quittés. Imbert est absent, parti au village pour un deuil il a préféré y rester afin de préparer la maison où je reste quand je suis au village. Gentille délicatesse de sa part !
J’arrive à Tilène il n’est pas midi, cela me laisse le temps de me reposer et déballer mes bagages. Je compte continuer vers Youtou après 2 jours à Ziguinchor. Cela me laisse le temps d’échanger avec Marie-Claire et aussi ma filleule qui est en pleines révisions pour ses examens. Elle termine une formation dans la santé. Le lundi avant de partir pour Youtou j’aurai le temps de faire le minimum de courses à emporter au village. C’est aussi l’occasion de retrouver des amis ou connaissances en ville.
Le dimanche après-midi, je rejoindre Paul, relais de l’association pour les étudiants à Ziguinchor mais aussi pour toutes les actions au village. Ensemble nous faisons le bilan des aides apportées depuis mon dernier voyage. Il habite près de la résidence des étudiants où il m’accompagne voir l’avancée du chantier. Nous soutenons ce projet depuis plusieurs années. Grande satisfaction de constater que l’argent que nous avions remis en 2019 (2000€) a permis de réaliser l’installation électrique pour tout le bâtiment. C’est Antoine, originaire de Youtou qui a fait l’installation. Autre satisfaction de trouver les chambres occupées. Paul m’explique que certaines sont occupées par des étudiants de Youtou et d’autres sont louées, cela génère de l’argent permettant de prévoir la poursuite des travaux. Je me promets alors de tout faire pour qu’APPY continue à les soutenir. Le prochain chantier sera de carreler les sanitaires ainsi que les sols des chambres.
Le lundi, comme prévu je pars pour Youtou. Jo a la gentillesse de venir me chercher avec mes bagages à la maison à Tilène. Étant aussi le pilote de la pirogue cela facilite le trajet d’un bout à l’autre. Nous arrivons tardivement au débarcadère du village Imbert m’y attend avec son vélo pour m’aider au transport des bagages jusqu’à la maison. Il faut quand même marcher 20 bonnes minutes pour ce trajet. Il fait déjà nuit, heureusement je prévois toujours ma lampe frontale pour m’aider à trouver le chemin. Salutations à quelques personnes en chemin qui ont entendu ma voix.
Arrivés à la maison, retrouvailles joyeuses avec Rita et les enfants. Plaisir aussi de trouver la maison ouverte et donc beaucoup plus accueillante. Merci Imbert !
Pour bien commencer mon séjour je prends le temps de m’acclimater. Même si à cette période le temps n’est pas très chaud, ça fait quand même du changement avec notre climat en France. Le premier jour, je reste donc à la maison, mets en place mes petits objets, fais une lessive et aussi laver la vaisselle restée une année dans les cantines en prévision de mes petits déjeuners et repas. J’installe les cadres moustiquaires aux fenêtres et les rideaux aux portes et fenêtres ce qui rend la maison plus accueillante. Je prends aussi le temps de faire une sieste après le repas, ça me ressource. En fin de journée, quand le soleil sera moins chaud, j’irai juste saluer mes amis proches de la maison et leur annoncer mon arrivée. C’est toujours avec grand plaisir que je retrouve tout le monde.
Dès le lendemain, je vais au CPF (Centre de Promotion féminine). Là, je retrouve Rita qui est en charge du centre ainsi que Djinger, jeune femme handicapée habituée à venir travailler au centre. Elle fait la couture avec une machine entièrement manuelle, adaptée à son handicap. Il y a aussi un homme venu de Djembering leur prêter main forte pour la réalisation des tenues scolaires qui doivent être prêtes au plus vite. À chaque rentrée, APPY finance l’achat du tissu pour les tenues des enfants qui commencent le CI (Classe d’Initiation avant le CP) et entrent en 6ème et les parents d’élèves paient la couture au CPF.
Une amie de l’association avait donné une machine à coudre. J’avais prévu de la remettre au CPF car celles utilisées sont vieillissantes et certaines ne fonctionnent plus. Je décide de la remettre rapidement à Rita. Quel bonheur de voir leur joie quand elles découvrent la machine. Il faut dire que celle-ci malgré de nombreuses années de travail est en très bon état Elle a un double système pour fonctionner mécaniquement et avec l’électricité, pour plus tard peut-être…. Rita préfère retirer le système électrique et le ranger en espérant qu’elle pourra l’utiliser dans le futur Elle ne cesse de remercier la personne qui a offert cette machine : MERCI !!!
(Des vidéos de présentation de la machine à coudre manuelle ainsi qu’un message de Rita sont disponibles dans la rubrique « Vidéos« .)
Djinger nous avait sollicités l’an dernier pour l’aider à acheter un fauteuil roulant plus adapté aux chemins en sable du village. Elle avait alors l’opportunité de racheter un fauteuil d’occasion en bon état. Ces fauteuils sont fabriqués au Sénégal et même en Casamance. J’avais pu lui laisser alors de la part d’APPY la somme manquante pour l’acquérir. Grande satisfaction de la voir circuler dans le village avec ce nouveau fauteuil, surtout de le faire plus aisément. Les chemins du trajet depuis le centre assez éloigné de sa maison sont en effet très sablonneux.
En fin d’après-midi, je me dirige à Bringo afin de saluer la famille qui m’avait accueillie pendant de nombreuses années lors de mes séjours entre 1999 et 2005. Le papa est là-bas avec sa belle-fille et les plus jeunes de ses enfants.
En arrivant au débarcadère, j’avais vu que les villageois ont fabriqué un ponton à leur manière en attendant que l’autre soit de nouveau opérationnel. Je suis contente de constater que lorsque la population est motivée elle est capable de belles réalisations. Quand j’en parle dans le village on m’explique qu’une fois encore c’est à l’initiative des femmes. Grace à leur courage et ténacité elles ont pu avec l’aide de quelques jeunes réaliser ce ponton provisoire fait de bois et de sacs remplis de sable . Au retour, je passerai à l’atelier voir où en est la réparation du ponton qu’APPY avait installé. C’est en cours. J’espère qu’au prochain voyage ce dernier sera réinstallé au débarcadère.
Dirigeons-nous maintenant à l’école élémentaire avec laquelle APPY a un partenariat depuis sa création. Je vais là-bas au moment de la récréation afin de rencontrer les enseignants sans perturber les cours. Le directeur est absent, parti assister à une réunion. Je rencontre les autres enseignants et assez vite je me rends compte que les actions qui devaient se faire à l’école n’ont pas été réalisées. Grande déception, je ne peux pas le nier. En discutant avec l’équipe des enseignants je comprends que cela vient d’une mauvaise communication dans le village. Comme chaque année l’association avait envoyé de quoi payer les fournitures pour la rentrée et rien n’est là. Il y avait aussi plusieurs points de réparation comme le remplacement du toit des toilettes et la réparation d’un mûr cassé par une chute d’arbre. Là encore rien n’est fait alors que l’argent a été envoyé depuis plusieurs mois. Il me faudra avoir les explications des représentants des parents d’élèves pour comprendre ce qui s’est passé. L’argent pour les fournitures attend à Ziguinchor chez Paul mais les parents d’élèves disent ne pas le savoir. Une part des fournitures pour les travaux est déjà au village, il manque le sable et les poutres pour les toits. Ces derniers éléments sont à la charge des villageois mais il n’y a pas eu entente entre tous pour réaliser ces actions. La mauvaise communication entre chaque acteur n’a pas permis de finaliser les actions.
Du coup, je préfère demander une réunion avec tous les villageois. De nombreuses femmes viendront assister et participer à cette rencontre. Je ne leur cache pas ma déception de la peu d’avancée des travaux prévus depuis l’an dernier. Certains ne semblent pas au courant et beaucoup me conseillent de mettre les femmes dans le coup si je veux que les choses avancent.
En fin de réunion on me promet que les choses vont avancer et effectivement depuis j’ai reçu des photos des travaux qui ont été réalisés tout du moins en partie.
Pour les plus petits, nous soutenons la cantine du préscolaire qui permet aux enfants des quartiers les plus éloignés de venir à l’école et de se restaurer avant de rentrer chez eux en début d’après-midi. Lors de mon séjour elle n’avait pas encore été mise en route. Mais le jour de mon départ j’ai appris que les enfants avaient pu prendre leur 1er repas à l’école. C’est une très bonne chose pour les familles.
Au cours du séjour, j’ai pris le temps d’aller passer une journée en brousse avec une famille amie de longue date. C’est un bonheur que de pouvoir aller passer un peu de temps dans cette forêt si paisible où l’on retrouve aussi quelques villageois au travail. C’était la période de récolte des arachides. Pour rappel, l’arachide se trouve en terre un peu comme une pomme de terre. Les hommes les arrachent à l’aide de leur « Kadiendo » puis avec les femmes ils vont les installer en hauteur afin qu’elles sèchent à l’abri des animaux sauvages et domestiques. La récolte du riz va bientôt commencer et c’est après seulement que les arachides seront récupérées.
Au cours du séjour, j’ai aussi pu aller voir la pirogue d’Alphonse qu’APPY a financé et qui l’utilise pour aller à la pêche dans le marigot et vendre ensuite le poisson au villageois pour leur consommation. C’est à cette seule condition que l’association avait choisi de l’aider dans ce projet car la plupart du poisson pêché à Youtou est vendu à l’extérieur du village et la population souffre de manger du riz blanc sans accompagnement. J’ai pu aussi rencontrer des personnes porteuses d’autres petits projets que nous accompagnons ou sommes en train d’étudier : élevage de porcs, élevage de poulets, petit commerce…
Passage obligatoire à la maternité où je retrouve Domitilde et Rosine. L’association les aidera à réparer les toits des cuisines et toilettes qui servent aux femmes qui viennent accoucher ainsi que les femmes qui les accompagnent.
À la maison aussi j’ai souvent des visites. Chacun vient soit remercier l’association pour son aide, soit m’exprimer ses difficultés et projets possibles pour lesquels ils auront besoin de l’appui de l’association. C’est vraiment l’occasion pour moi de rencontrer les villageois qui le désirent. Je ne manque pas aussi de me promener dans le village et rendre visite aux familles. C’est ce qu’ils apprécient beaucoup.
Puis arrive le dernier soir au village avant le retour en France. C’est toujours une journée et soirée compliquée pour moi. Je dois mettre en ordre la maison et aussi préparer mes bagages, tout cela avec en général beaucoup de visites de personnes qui viennent me dire au revoir. Beaucoup d’échanges très sympathiques qui me font espérer revenir rapidement ….
Le retour s’est fait exactement comme à l’aller avec pirogue, voiture, bateau puis avion….on peut tester beaucoup de moyens de transport au cours d’un séjour.
Voilà, vous aurez une meilleure idée de ce qu’est un séjour à Youtou pour moi, comment les journées se déroulent rapidement car bien occupées.
Chaque séjour à Youtou me ressource et me donne de l’énergie pour continuer à accompagner le village même si il y a des projets qui n’avancent pas toujours comme on aimerait.
Je remercie encore tous les partenaires en France qui nous permettent de continuer.